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Salle comble pour l’avant-première de «Dignity»

© DR - Dignity.ch
De plus en plus de victimes d’abus sexuels prennent la parole, dans les milieux laïcs et religieux. Mettre en lumière le tabou, c’est le but du documentaire dignity (affiche en médaillon), sorti en avant-première le 8 juin.
Maude Burkhalter

«Votre présence est une forme de résistance à cet horrible monstre qu’est l’abus sexuel. Regardons-le ensemble dans les yeux et entreprenons cette bataille ensemble.» Ce sont là les mots de Liliane Favarger, l’une des intervenantes sollicitées pour le documentaire «Dignity: de l’ombre à la lumière. Revivre après une violence sexuelle». A l’issue de l’avant-première qui a eu lieu le 8 juin au cinéma Pathé à Lausanne, une table ronde sur le sujet a été proposée. La projection s’est déroulée à guichets fermés avec plus de 480 billets vendus.

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Donner une voix à ceux qui n’en parlent pas

Active depuis plus d’un an et basée à La Sarraz en Suisse, l’association Dignity accompagne et aide les victimes de violences sexuelles. C’est dans cet objectif qu’est née l’idée d’un film: «J’ai vu un documentaire sur les violences sexuelles à la RTS qui était extrêmement cru, où la souffrance était dramatique», explique Margarita Fugger-Heesen, fondatrice et directrice de l’association (photo à gauche). «On n’y voyait pas d’espoir et je trouve que cela renforce le tabou. Par ce documentaire, je souhaitais laisser une grande place à l’espérance, à la reconstruction, à la vie après les violences.»

Dans ce documentaire d’environ une heure, trois victimes d’abus sexuels témoignent à visage découvert: Yaëlle Frei, cofondatrice avec son mari de l’association Innocence, qui traite de questions de sexualité et de pornographie, Liliane Favarger, impliquée dans les questions de genre au Réseau évangélique suisse et Paul Young, auteur du bestseller La Cabane (éd. J’ai lu). Tous trois ont été victimes d’abus sexuels durant leur enfance, à diverses échelles. Entre les témoignages des intervenants et les interventions de Sarika Pilet, psychologue et psychothérapeute, le documentaire suit les pas d’une danseuse, d’abord confinée dans un espace restreint et sombre, vers la liberté et la lumière.

«Avec ce film, je souhaite faire entrer l’espoir dans les foyers. Parce que les personnes qui ont été abusées sont retenues par la honte et ne vont pas sortir d’elles-mêmes, se rendre à un séminaire ou parler de leur abus. Ce documentaire permet de leur donner une voix», note encore Margarita Fugger-Heesen, qui incarne aussi la danseuse à l’écran. C’est d’ailleurs la troupe qu’elle a créée, Simra-Dance, qui a également animé la soirée du 8 juin par la présentation de plusieurs danses orientales.

Comment accompagner les victimes

Lors de la table ronde qui a suivi la projection, des clés pratiques ont été partagées à l’audience, afin de mieux équiper l’entourage des personnes abusées. «La prière fait la différence», commente Yaëlle Frei. «Je sais que pour mon cas, mes parents ont prié pour moi. Je les remercie pour cela.» Et Liliane Favarger d’ajouter l’importance de l’écoute silencieuse: «Ecoutez nos histoires jusqu’au bout.»

«Je suis très honoré d’avoir été inclus dans ce documentaire», confie Paul Young à Christianisme Aujourd’hui, à l’issue de la projection. «Je n’avais pas vu le documentaire en entier et j’ai été très touché. Ce que je retiens de ce film, c’est le courage, et la nécessité de demander de l’aide. On ne peut pas s’en sortir en restant isolés.» Et d’insister sur l’importance – surtout pour les hommes victimes d’abus – de s’entourer et de briser le tabou. «Les hommes ont tendance à enfouir l’abus en eux et se dire qu’ils s’en sortiront. Mais c’est un poison qui finit par sortir à travers les failles et qui pollue toutes les sphères de notre vie.»

A l’issue de la projection, Paul Young s’est adressé aux potentiels abuseurs dans la salle, leur rappelant qu’ils sont aimés et qu’ils ont de la valeur. Pour celui qui est aujourd’hui accompagnateur de détenus condamnés à mort aux Etats-Unis, cette parole à l’adresse des abuseurs est nécessaire: «Les détenus que j’accompagne sont pour la plupart des abuseurs et ce sont mes amis. Je les connais et ils sont honnêtes par rapport à ce qu’ils ont fait et les regrets qu’ils ont. Nous devons prendre conscience que le changement n’adviendra pas sans amour. Aimer ces gens-là, c’est un acte de violence, c’est complètement contre la norme. Jésus nous dit d’aimer nos ennemis.»

Des œuvres «lumineuses»

La veille de l’avant-première, Paul Young était intervenant à la Conférence Image à La Sarraz, avec Damien Petit, Juliette Valsamidis et Damien Boyer. Christophe Hanauer, organisateur de l’événement et auteur du film «Les 7 Eglises de l’Apocalypse», note la grande «luminosité» qui ressort des films comme «Dignity» et «Sacerdoce» – projeté la veille dans le cadre de la conférence. «On a vécu une sorte de mini festival chrétien. Et j’en retiens une grande impression lumineuse: il y a la tendresse, l’amour, qui pénètrent profondément dans l’âme, et cela a un véritable pouvoir de transformation.»

Autour d’un apéritif, à l’issue de la projection, les participants étaient invités à échanger sur les thèmes soulevés par le documentaire et à se renseigner sur l’action de l’association Dignity. Et Christophe Hanauer de conclure: «Le film “Dignity” a un effet brise-glace. C’est comme ouvrir un océan de non-dits pour provoquer un mouvement de guérison. C’est là la manifestation pratique du Royaume de Dieu, celle d’entrer dans ces zones de ténèbres.» Et à en croire les propos de Margarita Fugger-Heesen, une autre de ces «zones de ténèbres», la thématique de la fausse couche, sera bientôt aussi mise en images mais pour l’heure, aucune date de sortie n’est encore confirmée.

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Juillet-Août 2024

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