Tiré d’un album qui porte le même nom, «Master of Puppets» (Le Maître des marionnettes) était déjà entré dans la légende du hard rock et du heavy-métal avant d’élargir son public cet été suite à sa reprise dans la série télévisée Stranger Things. Bien que Metallica soit certainement le groupe figure de proue du monde sulfureux de la musique métal, ce texte est un avertissement sans équivoque contre l’usage des substances psychotropes.

Le texte est un dialogue entre la «marionnette», le toxicomane, et le maître, la drogue elle-même. Le maître affirme sa supériorité: «Je tire tes ficelles, je déforme ton esprit.» La marionnette s’adresse au maître: «Je n’entends que des rires qui se moquent de mes hurlements.» Les paroles laissent peu de doute sur la thématique principale de la chanson: «Travail d’aiguille (…) supplice rituel (…) ton déjeuner en rails blancs sur un miroir.» A part peut-être «Hotel California» des Eagles, peu de chansons dans le répertoire du rock et de la pop sont aussi explicites dans leur description de l’esclavage des addictions: «Maintenant ta vie n’a plus de saison, je t’aiderai à mourir.» Du point de vue de la «marionnette», l’espoir s’amenuise: «Où sont les rêves que je poursuivais?» La condamnation est sans appel: «Obéis à ton maître, ta vie se consumera plus vite.»

L’imagerie est sombre, mais le propos mérite d’être entendu. La séduction commence par une invitation presque anodine: «Goûte-moi, tu verras.» Mais une fois que la victime a pris l’hameçon, elle sera ferrée et, loin de résister à son oppresseur, elle lui consacrera son énergie, son temps voire son adoration: «Tu es dévoué à la manière dont je te fais mourir.» Cette servitude trouve un parallèle étonnant dans les écrits de l’apôtre Paul lorsqu’il parle de la manière dont le mal et le péché réduisent l’être humain au statut d’esclave. Plus encore, si la chanson de Metallica décrit l’asservissement de la personne toxicodépendante, elle souligne par contraste l’aspiration humaine à la liberté, non pas de faire tout ce que l’on désire, mais de ne plus être obligé d’obéir à ses pulsions.

Comme l’a dit le Christ lui-même, se proposant de couper les ficelles par lesquelles la marionnette est manipulée: «Si donc le Fils vous libère, vous serez réellement libres» (Jn. 8, 36).

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Metallica, Master of Puppets

Le spectacle de la passion est fini
Tout s’en va
Je suis ta source d’autodestruction
Tes veines pompent la peur
J’aspire tout ce qui est sombre
Je construis ta mort petit à petit

Goûte-moi, tu verras
Tu auras besoin de plus
Tu es dévoué à
La manière dont je te fais mourir

Viens, rampe plus vite
Obéis à ton maître
Ta vie se consumera plus vite
Obéis à ton maître

(refrain)
Maître, maître
Maître des marionnettes
Je tire tes ficelles
Je déforme ton esprit, j’anéantis tes rêves
Aveuglé par moi, tu ne peux rien voir
Appelle-moi, j’entendrai tes hurlements

Travail d’aiguille, jamais de trahison
Une vie de mort, ça devient évident
Monopole de la douleur, supplice rituel
Ton déjeuner en rails blancs sur un miroir

Où sont les rêves que je poursuivais ?
Maître, maître,
Tes promesses – des mensonges
Des rires et des rires
Je ne vois rien d’autre
Je n’entends que des rires
Des rires et des rires,
Qui se moquent de mes hurlements

L’enfer vaut tout cela
Habitat naturel
Des rimes, mais sans raison
Labyrinthe sans fin, tes jours sont comptés
Maintenant ta vie n’a plus de saison
Je m’en occuperai
Je t’aiderai à mourir
Je te parcours de la tête aux pieds
Maintenant je te contrôle aussi

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Octobre 2022

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