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Lettres à Théophile: choisis les pauvres (l’option préférentielle)

Sur le modèle des Lettres de Paul, cette chronique met en scène un auteur (dont on ne connaît pas le nom) qui converse avec un certain Théophile (dont vous ne lirez jamais rien) sur des questions bibliques et divers sujets qui animent l’Eglise d’aujourd’hui.
Jonathan Herment

Cher Théophile,

Dans ma dernière lettre, je te parlais de Paul, qui demandait aux Corinthiens d’entourer «d’un plus grand honneur» ceux qui ne goûtent pas aux honneurs accordés par la richesse ou le prestige. Pour exprimer cette attitude, des théologiens parlent d’une «option préférentielle».
La Bible ne prétend pas éradiquer la pauvreté; Jésus lui-même dit à ses disciples: «Vous avez toujours les pauvres avec vous» (Jn. 12, 8). Cependant, Dieu rappelle aussi qu’il est un corps dont le pauvre est partie intégrante, égale en dignité et en droits. Les Pères de l’Eglise étaient particulièrement sensibles à ce sujet. Pour eux, partager avec les pauvres était moins un acte de compassion que l’ajustement d’un déséquilibre causé par l’égoïsme de l’homme.

Ambroise de Milan interpellait ainsi le riche: «Ce n’est pas de ton bien que tu accordes à l’indigent, mais du bien que tu lui rends, car c’est un bien commun donné à l’usage de tous que tu usurpes tout seul.» Il ne s’agit pas de communisme: l’histoire le démontre, la revendication du partage au nom de l’idéal politique n’engendre que plus d’injustice; la véritable charité vient du désir d’obéir à Dieu, avec le secours du Saint-Esprit, pour être véritablement sel et lumière du monde.

Aujourd’hui, le concept d’option préférentielle nous indique qu’il n’y a pas de vie chrétienne authentique sans actions concrètes en faveur de nos frères pauvres. Ensuite, qu’il faut rééquilibrer nos priorités: quelle part de ma vie est consacrée à mon bénéfice personnel, et quelle part à ceux qui sont moins favorisés que moi? Là-dessus, l’Eglise primitive a beaucoup à nous apprendre… Enfin, qu’on ne peut jamais se tromper en s’occupant des pauvres. Partager avec l’indigent est un moyen sûr de se rapprocher du Christ qui s’identifie à lui (Mat. 25, 40).

S’il nous arrive d’éprouver de la sécheresse dans notre vie spirituelle, de ne pas savoir où aller ni quoi faire, nous devrions méditer l’appel d’Esaïe: «Si tu partages ton pain avec celui qui a faim, si tu réponds aux besoins du malheureux, alors la lumière chassera l’obscurité où tu vis. Au lieu de vivre dans la nuit, tu seras comme en plein midi. Le Seigneur restera ton guide; même en plein désert, il te rassasiera, te rendra des forces. Tu seras comme un jardin bien arrosé, comme une fontaine abondante dont l’eau ne tarit pas.» (Es. 58, 10-11). Je le répète, cher Théophile: on ne peut jamais se tromper en choisissant les pauvres!

Jonathan Herment

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