La vie de Jésus au deuxième degré

«The Chosen» n’est pas la seule série qui souhaite montrer un Jésus plus humain. C’est aussi le cas de la série satirique de la RTS, «La vie de J.C.», imaginée par l’auteur de bande dessinée Zep. Entre les lignes, cette série potache parle du rapport à Jésus de nombreux contemporains.
Un Jésus différent
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C’est un Jésus emprunté, timide, maladroit, benêt et néanmoins sympathique que propose la série «La vie de J.C.» tournée à l’été 2021 en Suisse et diffusé sur la télévision publique. «Comme si Jésus avait été un peu “paumé” par ce qui lui arrivait», décrit Philippe Chappuis, alias Zep, créateur de «La vie de J.C.» et auteur de la bande dessinée «Titeuf», dans une interview sur la RTS.
Chaque épisode dure environ quatre minutes. Le premier épisode donne le ton: J.C. se réfugie chez un de ses disciples car il est pressé par une foule friande de miracles tandis que lui aspire à annoncer l’Evangile. Son disciple l’aide puis lui demande de faire un miracle: changer l’apparence physique de sa femme, particulièrement repoussante. J.C. est dépité mais s’exécute. Dans un autre épisode, J.C. est baptisé par son cousin Jean-Ba’, un hippie, dans une eau infestée de crocodiles. La série dépeint en outre J.C. hermétique aux avances sexuelles de Marie-Madeleine ou épuisé par les bêtises de ses disciples.
Rire, même du sacré?
Si Zep assure être parti des textes des Evangiles pour créer ses personnages, c’est clairement un autre Jésus que l’auteur propose, un «Jésus bis», selon ses propres mots. Dans le Nouveau Testament, «l’aspect humain du Christ, ce n’est pas ce qui est le plus mis en avant», déclare le père de Titeuf qui a voulu proposer un nouveau regard sur Jésus. Le ton est plus potache et gras que méchant ou transgressif.
Cela n’a pas empêché de nombreuses réactions négatives, dont une manifestation de membres de Civitas, parti traditionaliste catholique, le 29 octobre à Genève, dénonçant le contenu «blasphémateur» de la série. «Il y a une idée forte de respect», défend Zep. «Et en même temps on peut rire, on rit de soi en tant que croyant plutôt que de Dieu directement. Je pense que cette distance est hyper importante. C’est écrit nulle part dans la Bible qu’on n’a pas le droit de rire.»
Avec sa série, Zep souhaite rire de soi, de sa propre culture chrétienne et des croyants dont il a fait partie. «Je continue de trouver que Jésus est le plus grand personnage de l’histoire, mais je ne peux pas croire en Dieu; je crois dans la possibilité qu’on a de faire des choses. Je n’attends rien de Dieu, je n’attends pas qu’il s’occupe de moi», assurait-il en 2015 dans La Vie protestante Genève. L’existence de Jésus reste cependant une certitude indiscutable pour le bédéiste. «Après sa nature divine, est-ce qu’il était Fils de Dieu, est-ce qu’il a fait des miracles, ça c’est la liberté de chacun d’y croire ou pas.»
Pour Philippe Chappuis, rire, même du sacré n’est pas un signe de mauvaise santé d’une société, «au contraire». C’est donc bien davantage de culture chrétienne que de foi dont il est question.

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Février 2022
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