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Coup de projecteur sur les prophètes

© Youtube
L'édito de novembre 2024
Maude Burkhalter

Le voile a été levé le 11 octobre: le Prix Nobel de la paix a été attribué à l’organisation japonaise Nihon Hidankyo (photo). Celle-ci réunit des survivants des attaques atomiques de Hiroshima et Nagasaki et œuvre pour un monde sans armes nucléaires.

Chapeau bas au comité, il fallait le faire. Il fallait oser le décerner, ce prix, alors que fin 2023, l’Uppsala Conflict Program dénombrait pas moins de cinquante-neuf conflits armés dans le monde, soit deux fois le nombre de conflits qui faisaient rage en 2009. Si l’an dernier, le Prix Nobel de la paix est allé à la militante iranienne Narges Mohammadi, il aurait pu, cette année, n’être attribué à personne, comme ça a été le cas à dix-neuf reprises dans l’histoire de ce prix et comme le préconisaient de nombreux observateurs, au vu de ce qui se passe sur la scène internationale.

Mais non, le comité a estimé qu’il fallait sortir un nom, bon gré mal gré. Il a courageusement allumé son faisceau lumineux et, avec la distance nécessaire, a arpenté avec soin, dans la pénombre, la scène du théâtre de l’humanité. En recherche des faiseurs de paix, de ceux qui, alors que le monde se déchire, osent lever un drapeau blanc, parce qu’ils portent sur eux les marques trop saillantes encore – 2025 marquera le 80e anniversaire du bombardement de Hiroshima et Nagasaki – d’une violence jusque-là inimaginable.

Arpenter avec ce faisceau lumineux, c’était un acte de foi. Il fallait le balayer de droite à gauche, de haut en bas, sur la toile de l’humanité, pour y dénicher quelque chose. Quelque chose de porteur d’espoir, quelque chose de pacifiste, quelque chose, aussi, de dangereusement engagé. Car à l’heure où les violences croissent en ampleur et en intensité, surtout au Proche-Orient, demander à tous les puissants belligérants de déposer l’arme nucléaire, c’est être une voix prophétique. Qu’entendre par là?

La mention d’une voix prophétique nous ramène aux célèbres prophètes bibliques que nous connaissons bien. Ils élèvent leur voix contre les figures autoritaires de l’époque: contre les rois en leur demandant des comptes et en les gardant redevables devant Dieu et contre les prêtres en dénonçant les abus de l’institution sacerdotale. De plus, les voix prophétiques émergent surtout dans les périodes de transition. Elles accompagnent les changements d’un peuple et se font l’écho d’une réalité alternative possible.

Le comité, alors qu’il arpentait la toile de son faisceau lumineux, les a repérés, ces prophètes des temps modernes. Les survivants de Hiroshima et Nagasaki – de moins en moins nombreux – portent haut et fort la possibilité d’un monde sans arme nucléaire, et c’est là leur témoignage. L’organisation japonaise Nihon Hidankyo a en effet été récompensée pour «ses efforts en vue d’un monde sans armes nucléaires et pour avoir démontré par des témoignages que les armes nucléaires ne doivent plus jamais être utilisées», a noté le comité du Prix Nobel. C’est un témoignage qui sonne de manière juste et audacieuse, à l’heure où l’on craint une escalade irréversible d’un conflit qui pourrait basculer dans l’usage d’armes nucléaires d’un moment à l’autre.

Quant à nous, qui ne sommes ni survivants des dégâts de l’arme nucléaire, ni protagonistes directement impliqués dans les conflits qui font actuellement rage, quel est notre témoignage à nous, qui marchons à la suite de Christ? Prophètes des temps modernes que nous sommes, nous repère-t-on assez pour que le faisceau lumineux s’arrête sur nous et notre message quand il arpente la pénombre de l’humanité? Parce que la réalité alternative que nous sommes appelés à prophétiser, celle proposée par Christ mort et ressuscité est d’actualité, plus que jamais.

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